Kinshasa, 25 novembre 2023.- Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) exprime sa satisfaction suite à la décision prise lors du 23ème sommet ordinaire des chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), qui a noté que la RDC ne prolongera pas le mandat de la Force régionale de l’EAC au-delà du 8 décembre 2023.
Pour cette organisation de la société civile, qui milite pour le retrait de la RDC de cette organisation régionale, considérée comme étant à l’origine de la déstabilisation de l’est du pays, il est maintenant crucial de doter les Forces armées de la RDC des moyens adéquats pour défendre l’intégrité du territoire national.
La Lucha déclare : « Nous nous réjouissons de la non-reconduction du mandat de la force de l’EAC, pour laquelle nous avons tant manifesté. Comme toujours, le peuple avait raison mais n’a pas été écouté. Il est maintenant nécessaire de renforcer et d’équiper l’armée en vue d’entreprendre des opérations militaires, entre autres. »
La RDC a refusé de renouveler le mandat de cette force jugée inefficace. Le sommet d’Arusha a acté cette décision et a ordonné que « les chefs des forces de défense de l’EAC et de la SADC se réunissent avant le 8 décembre et soumettent leurs recommandations sur la voie à suivre aux ministres de la Défense pour transmission au sommet pour examen ».
Yvon Muya, doctorant à l’École d’études de Conflits de l’université Saint-Paul au Canada, souligne que la décision du gouvernement congolais de mettre fin à l’engagement de la Force régionale de l’EAC sur son territoire illustre une fois de plus les limites des « solutions africaines aux conflits africains ». Selon lui, la force de l’EAC, déployée il y a plus d’un an dans le but d’imposer la paix, est aujourd’hui critiquée pour son manque de résultats, prenant ainsi la place de la très critiquée Monusco, une solution non-africaine.
Les initiatives régionales, censées apporter des solutions africaines, souffrent partout sur le continent (Sahel, Corne de l’Afrique) des mêmes problèmes : manque de moyens, faible coordination politique, divergences d’intérêts. Cette situation explique en grande partie l’incapacité de la force de l’EAC à s’affirmer en tant qu’opération de paix véritable pendant un an, alors que certains de ses membres sont perçus par les Congolais comme étant à la fois partenaires et responsables de l’instabilité dans l’est du pays.
Bien que le sommet d’Arusha ait pris acte de la décision de Kinshasa, aucun calendrier de retrait de la Force régionale de l’EAC n’a encore été établi. Pour le député Claudel Lubaya, cette situation « sonne le glas de la diplomatie dite agissante » de Félix Tshisekedi.
Nicolas Kayembe