Kinshasa, 05 février 2025- Lors de l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale mardi, son président, Vital Kamerhe, a lancé une interpellation directe à la communauté internationale, et plus particulièrement à l’Union européenne. Il s’est interrogé sur la sincérité des condamnations diplomatiques face à la guerre d’agression imposée à la RDC par le Rwanda, dénonçant un double standard dans le traitement du conflit.
Le speaker de la chambre basse du parlement a souligné un paradoxe troublant : alors que le Rwanda est pointé du doigt pour son rôle dans l’instabilité de l’Est congolais, l’Union européenne maintient avec ce pays un accord sur les minerais stratégiques. “N’est-il pas plus cohérent de faire suivre les condamnations par des sanctions à la hauteur des crimes décriés ?”, a-t-il lancé, appelant à une action plus ferme contre ceux qui alimentent la guerre dans la région.
Selon Kamerhe, la communauté internationale semble adopter une posture d’équilibre entre l’agresseur et la victime, une attitude qui contraste avec d’autres crises internationales où les agresseurs sont sanctionnés sans ambiguïté. Il estime que le maintien de certains accords économiques avec Kigali envoie un mauvais signal, à un moment où Goma, ville stratégique de l’Est congolais, est sous occupation.
L’Union européenne est donc appelée à revoir sa coopération avec le Rwanda, notamment en matière de minerais stratégiques, dont ce pays ne dispose pas sur son propre territoire. “Ne devrions-nous pas nous attendre à ce que l’UE reconsidère sa coopération sur des minerais stratégiques avec nos agresseurs ?”, a insisté Kamerhe, dénonçant une situation où les ressources congolaises continuent d’alimenter indirectement les tensions.
Au-delà des mots, cette session extraordinaire du Parlement congolais vise à élaborer des stratégies politiques et diplomatiques pour faire face à l’escalade du conflit à l’Est. L’objectif est de mobiliser des réponses fortes, tant sur le plan national qu’international, afin d’obtenir un soutien plus clair en faveur de la RDC et d’exiger des actions concrètes contre les États impliqués dans cette guerre.
Reste à voir si cet appel sera entendu par l’Union européenne et ses partenaires. Pour la RDC, l’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de défendre son intégrité territoriale, mais aussi d’exiger une cohérence dans la gestion des crises internationales, afin que le droit l’emporte sur la realpolitik.