Kinshasa, 10 février 2025- Les déclarations du président rwandais Paul Kagame, accusant la RDC d’exclusion ethnique contre les Rwandophones, ont provoqué une réaction immédiate et ferme du gouvernement congolais. Kinshasa rejette catégoriquement ce qu’il qualifie de “mensonges” visant à détourner l’attention de la véritable cause du conflit : l’ingérence militaire du Rwanda et son pillage systématique des ressources congolaises.
Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a dénoncé une manipulation grossière visant à justifier l’intervention militaire du Rwanda en RDC. “La crise actuelle est, avant tout, une atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la RDC, et non une question ethnique”, a-t-il martelé, en réponse aux tentatives de Kigali de légitimer son soutien au M23 sous couvert de défense des Tutsi congolais.
Face à cette nouvelle escalade, Kinshasa peut compter sur l’appui de plusieurs partenaires africains. L’Afrique du Sud, par la voix de son gouvernement, a réaffirmé son soutien au droit du peuple congolais “à vivre libre de toute force qui viole ses droits humains, pille ses ressources naturelles et terrorise ses communautés”. Une déclaration qui renforce la position congolaise et met en difficulté la stratégie diplomatique de Kigali.
Le rôle central des processus de Luanda et de Nairobi
Dans sa réponse aux résolutions du sommet de Tanzanie, l’administration Tshisekedi a réitéré son attachement aux processus de paix en cours. Elle insiste sur la nécessité de reprendre immédiatement les discussions de Luanda et de Nairobi pour avancer sur deux axes majeurs : la neutralisation des FDLR et le retrait des forces rwandaises du territoire congolais. “Nous saluons la discussion sur la coordination entre ces processus sous l’égide de l’Union africaine”, a affirmé Patrick Muyaya, ajoutant que Kinshasa reste ouvert à l’éventuelle nomination de nouveaux facilitateurs.
Pour Kinshasa, la principale avancée obtenue lors de ce sommet est la décision claire d’élaborer un plan pour le retrait des troupes étrangères non invitées. Une mesure qui vise directement la présence militaire rwandaise et celle du M23. Le gouvernement congolais voit en cette résolution une étape essentielle vers la restauration de sa souveraineté territoriale.
Outre le retrait des forces étrangères, le gouvernement congolais prend acte des engagements internationaux en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et d’une cessation totale des hostilités. Il insiste également sur l’acheminement urgent d’une assistance humanitaire aux populations affectées par le conflit, ainsi que sur la sécurisation des infrastructures clés, notamment l’aéroport international de Goma.
La RDC exige des actes, pas des discours
Si Kinshasa se félicite de ces avancées diplomatiques, l’administration Tshisekedi reste prudente quant à leur mise en application. “Nous avons pris des décisions adoptées à l’unanimité par les chefs d’État et de gouvernement, qui ont réaffirmé leur attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la RDC”, rappelle Muyaya. Mais sur le terrain, la RDC attend des actes concrets, notamment le retrait effectif des forces rwandaises.
Avec cette réponse musclée aux accusations de Kagame, la RDC affiche sa détermination à ne plus laisser le Rwanda imposer sa narrative sur le conflit. En s’appuyant sur un soutien africain croissant et sur une diplomatie plus offensive, Kinshasa veut tourner la page de trois décennies d’ingérence rwandaise. Reste à voir si ces engagements internationaux se traduiront enfin par une paix durable pour l’Est du pays.