Kinshasa, 24 février 2025- Les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé, lundi à Bruxelles, d’adopter des sanctions contre les violations du droit international perpétrées par le Rwanda dans l’Est de la RDC. Dirigées par Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, ces discussions ont également porté sur la suspension de l’accord minier signé en 2024 avec l’administration de Paul Kagame.
Les mesures annoncées visent directement les hauts responsables rwandais impliqués dans la déstabilisation de la RDC ainsi que les chefs de la milice M23. Selon des sources diplomatiques, ces sanctions incluent un gel des avoirs, une interdiction de voyage dans l’Union européenne et d’autres restrictions diplomatiques. Cette approche musclée traduit la volonté de l’UE d’exercer une pression accrue sur Kigali pour mettre fin aux violences dans l’est congolais.
“Nous discutons de la RDC et des sanctions que nous allons imposer aux personnes qui participent à la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo. Nous discutons également de la suspension de l’accord sur les matières premières, du Mémorandum d’entente (MoU) avec le Rwanda”, a déclaré Kaja Kallas à son arrivée au Conseil des affaires étrangères (CAE). Cette suspension de l’accord minier pourrait avoir des répercussions économiques majeures pour Kigali, dont l’exportation de minerais reste un levier stratégique.
Présent pour son premier CAE, le ministre belge des Affaires étrangères a exhorté ses homologues européens à agir face à “l’escalade alarmante dans l’est de la RDC”. Il a insisté sur la nécessité d’appliquer les principes d’intégrité territoriale et de respect du droit international « partout », et pas seulement en Ukraine. Une déclaration qui illustre la volonté de plusieurs États membres de l’UE d’adopter une position cohérente face aux conflits internationaux.
Dans un contexte de pressions internationales croissantes, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dénoncé un « tourbillon » de violences meurtrières et des violations massives des droits de l’homme dans l’est congolais. Lors d’une intervention au Conseil des droits de l’homme à Genève, il a pointé du doigt l’offensive du M23, soutenue par les Forces de défense rwandaises (RDF), aggravant ainsi la situation humanitaire déjà critique dans la région.
Avec ces nouvelles sanctions, l’UE envoie un message fort à Kigali : la communauté internationale ne tolérera plus les ingérences rwandaises en RDC. Reste à voir si ces pressions diplomatiques et économiques suffiront à contraindre l’administration Kagame à revoir sa politique dans la région, ou si elles risquent au contraire de renforcer les tensions entre les deux pays voisins.