Kinshasa, 16 juin 2025- Les journées de samedi 14 et dimanche 15 juin ont viré au cauchemar pour des milliers de creuseurs artisanaux opérant sur le site minier d’Angoa, situé dans le groupement Utunda, territoire de Walikale, au Nord-Kivu. Selon des témoignages concordants, des éléments de l’armée congolaise et des miliciens Wazalendo se sont affrontés verbalement dans une lutte acharnée pour le contrôle de ce site aurifère stratégique, provoquant une atmosphère de peur généralisée.
La tension était telle que l’affrontement armé a été évité de justesse. “Ils ont failli se tirer dessus. Chaque camp revendique le contrôle de ce carré minier. La population qui vit à Angoa veut abandonner la zone à cause de cette situation. Nous ne comprenons pas pourquoi les hommes en armes peuvent s’approprier un site minier alors que la loi interdit leur présence dans les zones d’exploitation minière”, s’est insurgé le Mwami Bakora Shebihembe, chef coutumier du groupement Utunda.
Le Mwami redoute que la situation n’évolue vers un conflit armé localisé si rien n’est fait rapidement. ”La situation est complexe. À cause de leurs intérêts, ils peuvent se tirer dessus à tout moment et c’est la population qui va payer le pot cassé. Comme nous n’avons pas encore enregistré des cas de mort, nous appelons la hiérarchie militaire à s’impliquer avant que le pire n’arrive”, a-t-il lancé dans un vibrant appel à l’autorité.
Les habitants de la zone, pour la plupart des creuseurs artisanaux et petits commerçants, vivent dans l’angoisse et songent à fuir, abandonnant leur seule source de revenu. Ce climat de peur compromet sérieusement l’activité économique et la stabilité sociale dans ce territoire déjà fragilisé par de nombreuses années d’instabilité sécuritaire.
Ce n’est pas la première fois que le Mwami Bakora alerte sur des dérives militaires dans les zones minières de son entité. Il y a à peine un mois, ce dernier dénonçait un phénomène de « monopole » instauré par des soldats congolais dans plusieurs sites miniers, où un seul fournisseur était autorisé à vendre ses produits, souvent sous la pression des armes. Cette pratique illégale avait déjà provoqué de fortes tensions entre militaires et opérateurs économiques.
Face à cette nouvelle escalade, les appels à l’intervention urgente de la hiérarchie militaire se multiplient, avec l’espoir d’un retour rapide à l’ordre, au respect des textes régissant l’exploitation minière artisanale et à la protection des populations civiles prises en otage dans cette lutte pour l’or.