Kinshasa, 18 juin 2025- La province du Nord-Kivu traverse l’une de ses périodes les plus sombres, marquée par une recrudescence des violences armées qui exacerbe une crise humanitaire déjà critique. Le conflit impliquant la rébellion AFC/M23, soutenue par le Rwanda, a entraîné l’occupation de vastes zones dans le Nord et le Sud-Kivu, forçant des centaines de milliers de civils à fuir leur foyer dans des conditions précaires.
D’après le rapport du bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), couvrant la période du 1er au 31 mai 2025, les tensions sont restées vives dans la zone de santé de Pinga. Des violences ont éclaté le 18 mai dans la localité de Buleusa, poussant plus de 3 000 personnes à se réfugier à Miriki et dans les forêts environnantes. La situation dans le groupement de Kisimba, où les rebelles renforcent leurs positions, fait craindre une attaque imminente contre la cité de Pinga.
“Ces déplacements s’ajoutent à ceux du 8 mai à Rusamambu, où des affrontements armés ont forcé les populations civiles à se réfugier à Bwito. Le nombre exact de déplacés reste encore inconnu. La persistance de ces tensions fait craindre une possible offensive sur Pinga, ce qui pourrait aggraver la situation de protection des civils, l’accès humanitaire et la discontinuité des services essentiels. En revanche, la stabilité relative observée depuis mars dans Walikale centre offre un répit temporaire aux populations locales”, rapporte le bulletin humanitaire du 17 juin.
La situation n’est guère meilleure à Lubero, où une escalade des affrontements entre les forces armées congolaises et un groupe armé non étatique a été observée. Depuis le 2 mai, la localité de Lunyasenge a connu des combats qui ont provoqué le déplacement de 6 400 ménages, soit environ 32 000 personnes. “Les activités économiques locales, notamment le secteur de la pêche, ont subi de graves perturbations dans les villages de Lunyasenge, Bukununu, Kisaka et Katundu, situés sur la rive nord du lac Édouard”, lit-on dans le rapport d’OCHA.
La violence a également frappé Biena et Musienene, avec des incursions armées meurtrières. “Dans la nuit du 8 au 9 mai, une incursion armée à Mambembe, dans la ZS de Biena, a fait au moins neufs civils tués. Cet incident est intervenu moins de 24 heures après une attaque similaire qui a fait 18 morts et plusieurs blessés à Fungula (ZS de Musienene)”, précise le document. Par ailleurs, le 30 mai, des opérations militaires conjointes FARDC-UPDF ont débuté dans la région de Butembo, alimentant l’inquiétude malgré les garanties des autorités.
Alors que les combats se poursuivent entre la coalition FARDC-Wazalendo et les rebelles de l’AFC/M23, les efforts diplomatiques avancent péniblement. Les États-Unis espèrent voir aboutir un accord de paix entre Kinshasa et Kigali d’ici juillet, tandis qu’à Doha, les médiateurs attendent le retour des délégués pour poursuivre les négociations. En attendant, les populations de l’Est continuent de vivre au rythme des bombardements, de la peur et des exodes forcés.