Kinshasa, 20 juin 2025- Alors que le football congolais sombre dans l’oubli, le gouvernement de la RDC choisit de dépenser près de 4,8 millions de dollars dans un contrat de sponsoring avec l’AS Monaco, un club français. L’objectif affiché ? Promouvoir l’image du pays à l’international via la mention “VISIT RDC” sur les maillots. Mais cette stratégie suscite un tollé général dans un pays où les infrastructures sportives se dégradent et les clubs manquent cruellement de moyens, ce contrat sonne comme une provocation.
Les critiques sont nombreuses et tranchantes. D’aucuns dénoncent une copie maladroite de la stratégie rwandaise, mais sans aucune base locale solide. “On veut vendre une image à l’étranger pendant que notre football meurt à la maison”, s’indigne un dirigeant sportif. En effet, la Linafoot, qui organise le championnat national, ne dispose même pas d’un sponsoring digne de ce nom. Le champion emporte à peine 150 000 $, un montant dérisoire face aux millions engloutis dans la campagne de Monaco.
Le contraste est glaçant. Les arbitres perçoivent entre 30 et 40 dollars par match, une rémunération misérable qui alimente la corruption dans les stades. De nombreux clubs congolais survivent uniquement grâce aux financements partisans ou personnels, sans aucun soutien institutionnel. La Linafoot, en manque criant de ressources, peine à organiser un championnat stable et régulier, tandis que les clubs se battent pour assurer leurs déplacements ou payer leurs joueurs.
Le secteur féminin n’est pas épargné. L’équipe nationale dames attend toujours plus de dix primes impayées, alors qu’elle se prépare pour la CAN 2024. Le championnat féminin, en cours à Lubumbashi, se déroule dans des conditions précaires. Pendant ce temps, aucun stade public n’est réellement opérationnel, à l’exception du stade Kibasa Maliba. Le pays dépend de seuls stades des Martyrs et du TP Mazembe pour accueillir des compétitions continentales. Un comble pour un État aussi vaste.
Les observateurs dénoncent une stratégie déséquilibrée du ministre des Sports, Didier Budimbu, qu’ils accusent de négliger délibérément le développement interne du football. “Ce contrat avec Monaco n’apporte rien à notre championnat, ni à nos jeunes talents. C’est un chèque en blanc pour de la poudre aux yeux”, martèle un analyste sportif. Pire encore, certaines sources parlent d’un projet orienté par des intérêts personnels plus que par une vision nationale.
Alors que les voix s’élèvent pour réclamer une refondation du sport congolais, le choix du gouvernement semble privilégier l’image à l’étranger au détriment de la réalité locale. Promouvoir la paix et l’investissement par le sport est légitime, mais encore faut-il que ce sport tienne debout dans son propre pays. En RDC, le football professionnel est laissé à l’abandon, et ce contrat avec Monaco risque bien d’entrer dans l’histoire… comme un symbole de déconnexion totale avec les priorités du terrain.