Kinshasa, 26 juin 2025- Six mois après sa libération, Jean-Jacques Wondo, expert belgo-congolais en sécurité et défense, a pris la parole au Parlement européen à Bruxelles mercredi. Il y a partagé un témoignage bouleversant sur les sévices subis lors de sa détention en RD Congo, dénonçant un appareil judiciaire « instrumentalisé » et « utilisé pour écraser l’opposition politique ».
Condamné à mort en septembre 2024 pour une prétendue implication dans un coup d’État déjoué à Kinshasa, Wondo avait passé huit mois en détention avant d’être libéré début février 2025. Sa sortie de prison a été rendue possible grâce à une forte mobilisation internationale, notamment en Belgique, où le Parlement européen avait réclamé sa libération immédiate dès janvier.
À Bruxelles, il a évoqué une incarcération marquée par des conditions extrêmes. Détenu dans ce qu’il qualifie de « geôles militaires totalitaires », il dit avoir été privé de soins, d’accès à l’extérieur et même de sa dignité. Citant le sociologue américain Erving Goffman, il a comparé cette expérience à un mécanisme conçu pour « broyer l’individu ».
Décrivant sa condamnation comme « un acharnement diabolique », Jean-Jacques Wondo a dénoncé un procès dépourvu de toute crédibilité. Il a souligné l’absence de preuves tangibles et les irrégularités flagrantes ayant marqué la procédure. Une critique que le Parlement européen avait lui-même formulée dans sa résolution du 23 janvier.
Visiblement ému, Wondo a salué le rôle crucial joué par les institutions européennes. “Votre action a brisé le silence de l’enfermement. Ce que vous m’avez rendu dépasse ma personne. Vous avez rappelé que la liberté ne se négocie pas”, a-t-il reconnu. Il a insisté sur l’importance d’un engagement continu pour les droits humains.
Son message ne s’est pas limité à son propre cas. L’analyste a attiré l’attention sur des centaines de Congolais enfermés dans des conditions similaires. “Ce que j’ai vécu est le quotidien de milliers d’autres citoyens en RDC”, a-t-il alerté, appelant à une surveillance accrue du respect des droits fondamentaux dans le pays.
Pour mémoire, la peine capitale prononcée à son encontre en janvier 2025 avait provoqué une onde de choc en Belgique. Le gouvernement belge, dénonçant une condamnation sans base factuelle, avait rappelé son ambassadeur à Kinshasa et exigé des explications. Depuis, les relations diplomatiques entre les deux pays restent tendues.