Kinshasa, 28 juin 2025- Le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, rejette fermement l’accord de paix signé entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, vendredi à Washington, sous médiation américaine. Dans un communiqué publié dans la nuit du vendredi à samedi, le célèbre gynécologue estime que ce traité « entérine l’impunité, le pillage des ressources et la soumission de la souveraineté congolaise ».
Selon lui, cet accord accorde un avantage politique et économique injustifiable à Kigali, qu’il qualifie d’« État agresseur-pilleur ». Il dénonce le fait que le Rwanda puisse profiter de la transformation et de la commercialisation des minerais congolais, dans une logique néocoloniale. “L’État rwandais agresseur-pilleur bénéficiera donc, avec le blanc-seing de Kinshasa, des bénéfices de la valeur ajoutée des minerais congolais”, déplore-t-il.
Mukwege s’interroge sur les fondements moraux et juridiques d’un tel compromis. “Comment accepter de légitimer l’occupation d’un pays agresseur ? Comment sacrifier la justice sur l’autel d’une paix fragile ?”, écrit-il, exprimant sa crainte de voir ce texte semer les graines de nouvelles violences dans l’Est de la RDC.
L’opposant et militant des droits humains pointe également les risques d’un bradage des ressources naturelles et d’un mépris flagrant pour la justice transitionnelle. Il rappelle que cette guerre dure depuis des décennies et ne saurait être réglée par une simple manœuvre diplomatique, sans rendre justice aux victimes.
Mukwege appelle au respect des procédures légales, citant l’article 214 de la Constitution congolaise qui stipule que tout accord international doit être soumis au Parlement pour ratification. “En vertu de notre loi fondamentale, le règlement de conflits internationaux ne peut être ratifié qu’en vertu d’une loi, soumise aux élus de l’Assemblée nationale“, insiste-t-il.
Enfin, face à ce qu’il considère comme un abandon du peuple congolais et une trahison des principes de souveraineté, le docteur Mukwege n’exclut pas un appel à la mobilisation populaire. Il évoque la nécessité d’une « révolution démocratique » si les institutions ne se conforment ni à la Constitution ni au droit international, affirmant que seule une justice réelle pourra garantir une paix durable.