Kinshasa, 16 Septembre 2023 – En RDC, les conflits fonciers engendrent fréquemment des expulsions de familles de leurs maisons, les laissant sans abri. À Kinshasa, capitale du pays, cette scène est devenue banale. Les convoitises et querelles autour de parcelles et d’immeubles, souvent familiales et très anciennes, sont attisées par une spéculation foncière débridée et une corruption endémique.
Éric Tshiowan, déterminé à récupérer son bien, s’empare de sa maison par la force. Son oncle l’avait vendue sans en être le propriétaire légitime. “Tout le monde dans la rue sait que cette maison était à mon papa, je suis né ici”, assure-t-il.
Lors des expulsions, appelées localement “déguerpissements”, tout est jeté sur le trottoir : meubles, électroménager, linge, vaisselle… Ces opérations sont menées par des huissiers, épaulés par la police de Kinshasa.
Ritha Mitwens, femme au foyer de 42 ans, raconte avec les larmes aux yeux comment elle et sa famille ont été “déguerpies” deux fois en six mois de leur appartement de Bandalungwa, dans le centre-ville. Malgré la possession d’un procès-verbal de réinstallation en bonne et due forme et l’acquisition légale de leur appartement il y a 17 ans, ils ont été expulsés sans être notifiés d’une décision de justice ni avoir pu épuiser les voies de recours.
Les batailles entre héritiers, les ventes illégales et les escroqueries sont devenues monnaie courante à Kinshasa, touchant aussi bien les quartiers populaires que les plus huppés, comme la Gombe. Malgré la présence d’un système judiciaire potentiellement fonctionnel, des individus sans titre authentique vendent ou réclament des parcelles, tandis que des familles sont expulsées sans notification préalable ni possibilité de recours. Cette situation suscite l’indignation de nombreux avocats, qui dénoncent une injustice flagrante.
Nicolas Kayembe