Kinshasa, 20 mai 2025- Une coalition d’une dizaine d’organisations de la société civile, dont le Forum Citoyen RDC, la Sentinelle des Ressources Naturelles et l’OEARSE, tire la sonnette d’alarme sur ce qu’elle qualifie de dérives graves dans la gestion du Fonds Minier pour les générations futures (FOMIN). Dans une lettre adressée lundi au président Félix Tshisekedi, ces structures dénoncent des « violations manifestes » du cadre légal encadrant le fonds.
Au cœur de leur interpellation, deux cas précis. D’abord, une lettre datée du 6 mars 2025 du directeur de cabinet du chef de l’État, instruisant l’utilisation des ressources du FOMIN pour construire et équiper des centres de formation professionnelle dans trois provinces. Une démarche que les signataires jugent illégale. “Cette demande viole l’article 2 du décret relatif au statut et au fonctionnement du FOMIN”, déplorent-ils.
Le second cas concerne une instruction du ministre des Finances visant à placer 100 millions de dollars du FOMIN en obligations d’État via la Banque centrale. Si les ONG reconnaissent que ce type d’investissement pourrait, dans une certaine mesure, entrer dans la mission du fonds, elles dénoncent l’absence de garanties. “Il n’existe aucune étude préalable pour évaluer la rentabilité et les risques. Or, l’article 7 du décret interdit de mobiliser ces ressources pour des projets externes à son périmètre”, soulignent-elles.
Les signataires rappellent que le FOMIN est un mécanisme de prévoyance destiné à garantir un avenir post-minier aux générations futures. “Ce fonds a pour vocation de constituer une réserve de richesses matérielles ou financières destinée à assurer l’après-mines, et ne peut être mobilisé pour des dépenses courantes ou des projets sans lien direct avec cette mission”, affirment-ils dans la lettre.
Dans ce contexte, les ONG appellent fermement le Président Tshisekedi à intervenir pour faire respecter le cadre légal. Elles demandent notamment l’annulation des transferts de fonds vers la Banque centrale et la restitution des montants engagés. Elles exigent également un audit indépendant du FOMIN, en conformité avec les articles 7 bis et 32 bis du décret de 2023.
Tout en réaffirmant leur engagement pour une gestion responsable des ressources naturelles, ces organisations rappellent que le pays ne peut se permettre de compromettre l’avenir de ses générations futures pour répondre à des urgences politiques ou budgétaires.