Kinshasa, 10 février 2025- Ce lundi, l’auditorat militaire de Bukavu a ouvert un procès retentissant contre 84 militaires des Forces armées de la RDC (FARDC), accusés d’avoir tué au moins neuf civils à Kavumu et Miti dans la nuit du 7 au 8 février. Ces soldats, soupçonnés d’exactions graves, dont des meurtres, des pillages et des violences sexuelles, devront répondre de leurs actes devant la justice militaire.
Les accusés ont été appréhendés sur l’axe Mudaka-Miti-Kavumu-Kalehe, au nord de Bukavu, où ils auraient semé la terreur. Leur interpellation a été ordonnée lors d’une réunion d’urgence du conseil de sécurité provincial, qui a mandaté le commandant de la 33ᵉ région militaire et le ministère provincial de l’Intérieur pour mener l’opération. L’arrestation de ces militaires a accentué le climat de peur dans une population déjà éprouvée par les conflits dans la région.
Les exactions reprochées à ces soldats ont suscité une vive indignation. Pillages, tortures, viols et assassinats : les témoignages des survivants dressent un tableau effrayant des événements de cette nuit tragique. “Nous pensions être protégés par l’armée, mais ce sont eux qui nous ont attaqués”, confie un habitant de Kavumu.
Face au scandale, les autorités militaires veulent montrer qu’aucune impunité ne sera tolérée. Le major Nestor Mavulisa, porte-parole de la 3ᵉ zone de défense, a été clair : “L’indiscipline n’a plus de place dans nos forces armées. Ceux qui ternissent l’image de l’armée seront jugés et sanctionnés”. Un message fort destiné à rassurer la population et à dissuader d’autres comportements similaires au sein des FARDC.
Les premières audiences seront scrutées de près par les habitants du Sud-Kivu, qui réclament une justice rapide et impartiale. Nombreux sont ceux qui craignent que ce procès ne soit qu’une formalité sans véritable sanction. “Nous avons déjà vu des militaires arrêtés puis relâchés. Cette fois, nous voulons des condamnations fermes”, insiste un militant des droits humains.