Kinshasa, 06 juin 2025- Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a une nouvelle fois quitté le parquet général près la Cour de cassation sans être inquiété, ce vendredi. Il venait de répondre à sa deuxième convocation dans le cadre de l’enquête liée à un présumé détournement de fonds publics. Malgré la gravité des accusations, aucun mandat d’amener ni de dépôt n’a été émis à son encontre.
Cette seconde audition, dirigée par l’avocat général Sylvain Kaluila, s’est révélée bien plus longue que la précédente. Elle a essentiellement permis au ministre, épaulé par ses avocats, de présenter ses arguments de défense face aux soupçons qui pèsent sur lui. En raison du secret entourant l’instruction, aucun détail sur le contenu des échanges n’a été rendu public.
Le dossier reste pour l’instant en phase d’instruction préjuridictionnelle. À ce titre, le magistrat instructeur pourrait convoquer à nouveau Constant Mutamba ou faire comparaître toute personne susceptible de faire la lumière sur l’affaire. L’étape suivante dépendra des conclusions du rapport que remettra l’avocat général au procureur général Firmin Mvonde Mambu.
Deux scénarios sont alors possibles, soit le parquet considère que les preuves sont insuffisantes, et l’affaire pourrait être classée sans suite ; soit des éléments jugés suffisamment graves sont retenus, et une nouvelle autorisation devra être demandée à l’Assemblée nationale pour engager des poursuites judiciaires contre le ministre.
Il faut rappeler que cette procédure a pu être initiée grâce à une autorisation préalable du Parlement, déjà obtenue par le procureur général. Les faits reprochés à Constant Mutamba concernent le détournement présumé de 19 millions de dollars destinés à la construction d’un centre pénitentiaire à Kisangani, et à l’indemnisation des victimes du conflit dit de la guerre de six jours.
Par ailleurs, le garde des sceaux est aussi soupçonné d’avoir violé les règles de passation des marchés publics, en optant pour le gré-à-gré sans respecter les exigences de transparence. Si l’enquête progresse dans ce sens, elle pourrait constituer un tournant majeur pour la crédibilité du gouvernement face aux engagements en matière de lutte contre la corruption.