Kinshasa, 18 juin 2025 — Le dossier Constant Mutamba, désormais au cœur du débat public, révèle de profondes dérives institutionnelles et une confusion des rôles inquiétante chez celui qui devait incarner la rigueur juridique de l’État.
Pour Dan Ngoy Mulunda, loin d’apparaître comme un arbitre de l’appareil judiciaire, l’ancien ministre de la Justice et garde des sceaux se distingue par des attitudes populistes, des interventions intempestives, et une posture incompatible avec les exigences de sa charge.
1. Confusion des pouvoirs : une ligne rouge allègrement franchie
En tant que ministre de la Justice et garde des Sceaux, Mutamba aurait dû faire preuve de retenue et de loyauté envers la séparation des pouvoirs. Pourtant, à plusieurs reprises, il s’est immiscé dans des affaires judiciaires, contestant publiquement des décisions relevant du Conseil supérieur de la magistrature ou de la justice militaire. En droit congolais comme ailleurs, un ministre de la Justice n’est pas le supérieur des magistrats. Il est chargé de l’administration de la justice, sans jamais interférer dans le travail juridictionnel. Cette confusion répétée traduit une méconnaissance grave du fonctionnement institutionnel.
2. La tentation populiste plutôt que la rigueur républicaine
Plutôt que d’assumer un rôle de garant de la stabilité judiciaire, Mutamba a opté pour une communication musclée et politisée. Sur les plateaux, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, ses propos ont souvent été marqués par la provocation, la stigmatisation, et une volonté claire de se positionner en héros du peuple contre l’élite judiciaire. Cette posture, bien que médiatiquement efficace, affaiblit profondément l’image de la justice congolaise et entretient la défiance populaire vis-à-vis des institutions.
3. Un mandat vide de réformes et plein de symboles creux
Au-delà du style, le fond fait également défaut. Aucun projet législatif majeur, aucune réforme concrète ni initiative structurelle n’a marqué son passage. À la place, des discours vindicatifs, des postures accusatrices et un climat de confrontation ont rythmé son mandat. La gestion de la justice ne peut se contenter de slogans, elle exige méthode, vision et respect des procédures. Sur ce terrain, Mutamba a failli.
4. Une chute logique, dictée par le droit
Loin d’un acharnement politique, la mise en cause de Constant Mutamba apparaît aujourd’hui comme la conséquence directe de ses choix. Le droit, lorsqu’il est correctement appliqué, n’épargne ni les ministres, ni les populistes. En s’écartant des règles fondamentales de sa fonction, en méprisant la retenue imposée à un membre du gouvernement, il a lui-même creusé sa propre tombe politique. Son exclusion du gouvernement est moins une sanction qu’un rétablissement de l’ordre institutionnel.