Kinshasa, 12 mai 2025- Un an après leur prise de fonctions, les membres du bureau définitif de l’Assemblée nationale peinent toujours à officialiser la structuration de leurs cabinets. Une lenteur administrative lourde de conséquences de près de 200 collaborateurs, répartis dans les sept cabinets des membres du bureau, dénoncent une précarité entretenue par un système informel et arbitraire de gestion salariale.
Au cœur de la controverse, le système dit de « Maboko-banque », un mode de paiement en espèces, hors circuit bancaire, qui laisse place à toutes les dérives. “C’est tout simplement de l’arbitraire et du détournement des deniers publics. Quelqu’un qui doit normalement toucher 1 500 dollars peut se contenter de 1 000 dollars. D’autres ne reçoivent rien. C’est un marché au noir”, confie à Infos.cd un agent frustré.
Ce système opaque serait orchestré depuis la questure, en collaboration avec le président du bureau, Vital Kamerhe, selon les témoignages recueillis. L’argent serait retiré en bloc, puis redistribué selon les humeurs des membres du bureau, sans aucun cadre légal. Une méthode jugée humiliante et injuste par les collaborateurs, qui rappellent qu’au Sénat, les salaires sont versés par voie bancaire à des agents dûment nommés.
“Vital Kamerhe et les autres veulent prolonger le temps de vol, en charcutant le petit salaire payé à ceux qui les aident. Déduire 500 dollars sur chaque salaire, c’est une somme colossale qu’ils empochent à l’issue de cette opération malicieuse”, dénonce une employée du cabinet. Des propos amers, qui traduisent un sentiment généralisé de trahison et d’abandon.
Ce mode de gestion controversé n’est pas nouveau. Déjà sous le bureau Mboso, aujourd’hui deuxième vice-président, des pratiques similaires avaient été signalées. Mais rien n’a changé, au grand dam des agents, qui estiment être traités comme des variables d’ajustement.
Sollicités par Infos.cd, aucun membre du bureau de la chambre basse n’a souhaité répondre aux accusations. Le silence des décideurs renforce un peu plus le malaise d’un personnel en quête de reconnaissance, de transparence et de justice salariale.