Kinshasa, 13 mai 2025- Alors que la Cour constitutionnelle doit rendre sa décision ce mercredi 14 mai dans l’affaire très médiatisée de Bukanga-Lonzo, la tension monte à l’Assemblée nationale. Plusieurs élus, emmenés par le Collectif C50, demandent avec insistance l’examen immédiat d’une résolution visant à affirmer la position de l’institution sur les violations présumées des immunités parlementaires du sénateur Matata Ponyo.
Lors de la plénière du lundi 12 mai, le député Alfred Dibandi Nzondomyo a interpellé le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Isaac Jean Claude Tshilumbayi, sur le silence persistant du bureau face à cette démarche collective. “Le projet de résolution porté par plus de 100 députés a été ignoré. Cela commence à nous déranger. Il est de votre devoir réglementaire de veiller au respect des droits des députés nationaux” a martelé l’élu de Libenge.
En soutien, Christian Mwando Nsimba, élu de Moba, a dénoncé la confusion entre les actions personnelles du président Vital Kamerhe et la position officielle que l’Assemblée nationale devrait adopter. “Il ne faut pas confondre les démarches personnelles de Kamerhe avec un acte d’assemblée. Aujourd’hui, la Cour poursuit son travail. Et si demain une décision surprise tombe, que ferons-nous ?”, a-t-il interrogé avec insistance.
Le député Mwando a aussi critiqué ce qu’il considère comme un mépris du bureau envers une initiative pourtant conforme au règlement. “Refuser d’aligner cette résolution, c’est manquer de respect à 1/10 des députés. Il est temps que nous assumions notre rôle en tant qu’Assemblée”, a-t-il ajouté, appelant ses collègues à ne pas rester spectateurs dans une affaire aussi sensible.
Le dossier Bukanga-Lonzo continue d’ébranler la scène politique congolaise. Le 23 avril dernier, le ministère public a requis 10 ans de travaux forcés et d’inéligibilité contre Matata Ponyo, ancien Premier ministre, ainsi que son arrestation immédiate. Deux autres accusés, dont l’ex-gouverneur de la BCC, ont également été visés par des peines sévères.
La Cour a décidé de juger les prévenus par défaut, ces derniers ayant refusé de comparaître. Les accusations se fondent notamment sur les enquêtes de l’Inspection générale des finances (IGF), qui a documenté les irrégularités du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
Dans ce contexte explosif, la pression des députés pour une prise de position officielle de l’Assemblée nationale pourrait redéfinir les rapports entre les institutions, surtout si l’arrêt de la Cour constitutionnelle s’avère défavorable à Matata Ponyo.
La balle est désormais dans le camp du bureau de l’Assemblée nationale. Sa décision dans les prochaines heures pourrait peser lourd dans la suite politique et institutionnelle de cette affaire emblématique.