Kinshasa, 6 octobre 2025- La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a vivement réagi à la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila, décidée le 30 septembre dernier par la Haute Cour militaire de Kinshasa. Dans une déclaration rendue publique ce lundi, les évêques catholiques ont exprimé leur consternation, qualifiant ce verdict d’« inhumain » et contraire à la dignité de toute personne créée à l’image de Dieu.
Signé par Mgr Fulgence Muteba, archevêque de Lubumbashi et président de la CENCO, le communiqué réaffirme la position constante de l’Église contre la peine capitale. L’épiscopat rappelle que cette opposition s’inscrit à la fois dans la fidélité à l’Évangile et dans le respect des principes fondamentaux inscrits dans la Constitution congolaise.
« La peine de mort constitue un échec moral pour toute société digne de ce nom », souligne le texte avec fermeté.
Le verdict contre Joseph Kabila, prononcé en son absence, intervient dans un contexte politique particulièrement tendu. La justice militaire l’a reconnu coupable de trahison, de crimes de guerre et d’organisation d’un mouvement insurrectionnel, des accusations liées à la situation sécuritaire à l’est du pays.
Face à cette décision, la CENCO prône une justice orientée vers la réconciliation et la réparation plutôt que la punition, estimant qu’aucune nation ne peut se construire sur la vengeance.
Au-delà du cas individuel de l’ancien chef de l’État, les évêques appellent à un dialogue national inclusif pour apaiser les tensions et restaurer la cohésion entre les institutions, la société civile et les groupes armés. Ils exhortent tous les acteurs à rejeter « la culture de la mort » et à privilégier la voie de la paix.
Reprenant les paroles du Pape François, la déclaration met en garde : « il est suicidaire et irresponsable de croire qu’une paix juste peut être obtenue par la force des armes. » Pour les prélats, seule une approche fondée sur le respect de la vie humaine, la justice équitable et la fraternité nationale permettra à la République démocratique du Congo de sortir de ses crises récurrentes.
La CENCO estime enfin que le recours à la peine capitale constitue une grave régression pour l’État de droit et pour les droits humains. En dénonçant cette dérive, l’Église catholique réaffirme son rôle de conscience morale et plaide pour une refondation du pays sur les valeurs de paix, de dignité et de dialogue.
