Kinshasa, 09 octobre 2025- La République démocratique du Congo a surpris ses partenaires à Washington en refusant, à la dernière minute, de signer l’accord sur le cadre d’intégration économique régionale avec le Rwanda. Pourtant, plusieurs jours de négociations avaient permis d’élaborer un texte commun entre les experts des deux pays et les médiateurs américains.
Le gouvernement congolais a préféré temporiser. Kinshasa conditionne désormais toute avancée à un préalable clair : le retrait des troupes rwandaises présentes sur son territoire. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, a rappelé que la paix, la stabilité et la souveraineté doivent précéder tout projet d’intégration.
« On ne pourra parler d’économie ou d’intégration que lorsque nous aurons la paix restaurée et une paix que nous souhaitons définitive et durable. Le chapitre 6 de l’accord parle de la création du cadre d’intégration économique régionale. Je dois vous rappeler que, à l’instar de l’accord de Washington qui avait été précédé par une déclaration de principes, la création du cadre d’intégration économique régionale a aussi été précédée par un énoncé de principes. Dans tout le texte, la paix est la première condition qui doit permettre aux autres conditions de pouvoir se mettre en place », a déclaré ce mercredi 8 octobre, Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement lors d’un briefing presse.
Kinshasa estime que, près de quatre mois après l’accord de Washington, les conditions du retour de la paix ne sont pas réunies. « Dans ce que nous avons vu sur le terrain depuis le 27 juin, ce n’est pas le décor qui permet le retour de la paix et dont le Président de la République conformément à sa vision, est resté cohérent et nos négociateurs à Washington ont pris la position, le choix de ne pas signer. Cela ne veut pas dire que le travail qui avait été fait par nos experts, les experts américains et les experts rwandais tombent à l’eau, c’est un travail qui pourra s’appliquer le moment venu lorsque les conditions d’un retour d’une paix que nous voulons définitive et durable seront réunies. Nous dans le cadre de nos objectifs, c’est d’abord la paix définitive et durable ensuite on peut parler de développement, d’échanges; ça aura été mal compris pas seulement par notre opinion mais même par nous-mêmes que nous signions un accord pour créer un cadre d’intégration économique régionale alors que la pleine souveraineté qui est une des conditions sine qua none posée par la RDC n’est pas encore restaurée », a martelé Muyaya.
Interrogé sur le timing de cette exigence, le porte-parole a dit que ce refus n’est pas un désengagement. « Parce que lorsqu’on signe un accord, on le signe de bonne foi, ça veut dire que chacun doit faire sa part mais nous tous nous savions en signant y compris le médiateur américain, que les choses ne se feront pas de manière automatique. Nous savons que la paix est un processus lorsqu’on a convenu qu’on discutait sur cet accord qui réglait les problèmes sécuritaires, on sait que l’autre problème c’est l’économie, mais pour arriver à l’économie il faut créer les conditions, la paix définitive et durable, c’est l’expression du Président de la République », a-t-il expliqué.
Le texte, appelé Cadre d’intégration économique régionale (CIER), visait à poser les bases d’une coopération dans plusieurs secteurs. Il cible l’exploitation minière, les infrastructures, l’énergie, le développement industriel, l’agro-industrie, la santé publique et le tourisme transfrontalier. Le CIER faisait suite à la Déclaration de principes signée le 25 avril 2025 à Washington et s’inscrivait dans la continuité de l’accord du 27 juin 2025.
Du côté rwandais, la réaction a été vive. « Cette condition est un prétexte médiatique ridicule, jamais invoqué par la délégation congolaise lors des négociations », a déclaré Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, en rappelant que les questions de sécurité relèvent du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (MCCS).
