Kinshasa, 08 octobre 2025- À l’approche du procès de l’ancien ministre congolais Roger Lumbala devant la cour d’assises de Paris, ses avocats haussent le ton. Lumbala, poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité commis durant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), est désormais au centre d’une vive polémique autour du rôle de la justice française. Ses défenseurs accusent la France de néo-colonialisme judiciaire et de violation de la souveraineté de la République démocratique du Congo.
Dans un communiqué publié le 7 octobre, le collectif d’avocats dénonce ce qu’il qualifie de « détournement de la compétence universelle », rappelant que la RDC réclame depuis 2013 l’extradition de leur client afin qu’il soit jugé par ses propres juridictions. Les avocats affirment que, malgré trois demandes officielles adressées à la France en mars, juin et septembre 2025, aucune réponse n’a été donnée par les autorités françaises.
La défense met également en lumière plusieurs anomalies procédurales : aucune enquête n’a été effectuée sur le territoire congolais, l’instruction a été ouverte plus de deux décennies après les faits, et le procès doit se tenir à plus de 8 000 kilomètres du lieu des événements, sans témoins directs ni compréhension du contexte local.
« Ce procès n’a pas lieu d’être à Paris », affirme Me Philippe Zeller, l’un des avocats de l’ancien ministre, qui demande à la France de reconnaître la compétence des juridictions congolaises et de mettre un terme à cette procédure jugée illégitime.
Cette affaire relance un vieux débat sur l’application de la compétence universelle, un principe permettant aux tribunaux d’un État de juger certains crimes graves commis à l’étranger. Elle interroge aussi sur la nature des relations judiciaires entre les puissances occidentales et les États africains, souvent perçues comme déséquilibrées.
